De la musique
De la musique. Elle pousse la porte. Il ne se retourne pas. Il joue, joue, joue encore, toujours. Elle attend. Enfin il se retourne. Tou veux jouèrrre ? Euh, non. Tou veux écoutèrrre ? Ah oui.
Il se dirige vers l’immense bibliothèque, saisit une partition sans hésiter, et joue. Il se relève, choisit un autre morceau. Joue. Et puis encore un autre. Carlos ne s’arrête jamais de jouer. La salle de piano de la résidence, c'est la sienne. Il l’accapare à lui seul 6 heures par jour : de 5h à 8h le matin, de 20h à 23h le soir. Le reste du temps, il joue encore. Devant ses élèves à l’université. Dans les églises ou les salles de concert le week-end.
Samaz, elle, a mis beaucoup plus de temps à s’habituer. Elle a quitté l’Iran pour chercher un pays où elle ne s’arrêterait jamais de chanter, où elle pourrait aller à l’opéra sans le visage voilé, où elle ferait de la musique son métier.
Le dimanche soir ils se retrouvent tous les trois pour former une « chorale » : Samaz qui ne comprend pas les mots, Lena qui ne comprend pas les notes et, bien sûr, Carlos qui les engueule et gesticule dans tous les sens. En italien, ça signifie qu’il est content.